L’association « Mutatis Mutandis » a été créée pour pallier l’absence de structure TS dans la région bordelaise. Elle a pour but d’informer sur la transidentité (transsexualité) et d’apporter un soutien aux personnes qui traversent cette période complexe.

« Mutatis Mutandis » : Cette locution latine désigne « les choses qui doivent être changées » ; elle est l’expression des changements, non seulement physiques, mais aussi sociaux qui nous caractérisent. Les rôles de l’association sont multiples, comme de communiquer sur la transidentité ; de rappeler, par exemple, qu’il ne s’agit pas d’un choix de notre part mais d'une chose qui nous est imposée; d'une disharmonie entre notre corps et notre identité. La différence entre "identité" et "orientation" sexuelle est tout aussi fondamentale pour bien appréhender cette problématique.

Même s’il faut parfois longtemps pour analyser cette situation et plus longtemps encore pour l’accepter, nous sommes néEs ainsi. Le genre est l’élément le plus immuable de la personnalité d’un être humain et, suivant le niveau de disharmonie, effectuer une « transition » d’un sexe vers l’autre peut s’imposer comme la seule solution possible ; transition qui a des conséquences importantes dans nos vies quotidiennes ; tant d’un point de vue social que familial.
Loin des amalgames et des émissions à sensations, nous sommes décidéEs à entreprendre tout ce qui est en notre pouvoir pour favoriser notre intégration dans la Société et obtenir le respect dû à chaque individu.

Nous avons choisi de nous constituer en association pour deux raisons. La première est que notre petit noyau de départ finira un jour ou l’autre par s’éparpiller au gré des déménagements ou d’événements divers. Le fait d’être structurées permettra, le moment venu, de passer le relais à celles et ceux qui nous rejoindront et de faire perdurer cet espace d’information et d’accueil. Briser l’isolement que cause trop souvent cette problématique est un élément clé de notre « reconstruction ».

La deuxième raison est la nécessité d’avoir des interlocuteurs valables, aussi bien au niveau social qu’administratif. Certains groupes ont choisi de ne pas former d’association et c’est une prise de position parfaitement respectable. Il nous paraît toutefois préférable de nous présenter avec un statut juridique afin d’optimiser notre efficacité et d’entreprendre des actions appropriées visant à lutter contre les discriminations dont nous sommes parfois victimes.

Sans agressivité, mais avec fermeté, nous demandons aujourd’hui que l’Etat donne l’exemple en faisant cesser les sournoises tracasseries administratives qui contribuent à notre exclusion de la Société ; examens humiliants et inutiles, procédures longues et onéreuses pour nos changements d’Etat-civil ne sont quelques exemples de ce qu'il faut changer.

Nous mesurons néanmoins la chance que nous avons de vivre en 2005 et les progrès accomplis, à force de courage et de persévérance, par celles et ceux qui nous ont précédéEs. Il nous reste toutefois beaucoup à faire dans bien des domaines; non seulement du point de vue de l'image que nous donnons mais également de celle qu'ont les TS d'elles/eux-mêmes. Comment communiquer à notre sujet si nous avons honte de nous-mêmes ? Nous n’avons pas tué, nous n’avons pas volé ni porté tort à qui que ce soit et ne sommes nullement des malades mentales. Nous sommes simplement des « TS » ou « d’origine TS » (pour les personnes ayant terminé leur parcours). Dédramatiser notre problématique est un préalable à toute discussion constructive.

Cette association est ouverte à toutes celles et ceux qui ont un problème de genre ou s’interrogent à ce sujet. Nous fonctionnons sans préjugé et accueillons celles et ceux qui désirent nous rejoindre dans le respect de chacunE.

Le Bureau Mutatis .


Si nos histoires sont diverses, elles sont avant tout une affaire de rencontres. Sans cette transidentité, nous ne nous serions sans doute jamais rencontrées.

Que ce soit Cristelle, Léa, Marie, Nathalie ou nos autres copines, nous venons toutes d'horizons différents et exerçons des métiers très divers. Là encore, il nous appartient de changer l'image stéréotypée de la Trans oeuvrant dans les métiers du spectacle et de la Nuit. Certaines peuvent être ingénieurs, mécaniciennes, profs, photographes ou conductrices d'engins et mener une vie des plus banales; si ce n'est leur besoin vital de vivre dans leur genre véritable et d'assumer leur identité. Il est fort probable que vous en croisez tous les jours sans le savoir.

Où se renseigner ? Comment trouver le courage d'en parler ? Tout ça n'a t-il pas un petit côté sulfureux qu'il est préférable de cacher ?
Toutes celles qui sont passées par là savent la difficulté qu'il y a à faire le premier pas; pourtant indispensable pour pouvoir enfin Vivre.
Grâce au Web et à un psy qui a mis plusieurs d'entre-nous en contact, nous en sommes arrivées à former un petit groupe de copines se réunissant deux fois par mois pour échanger nos expériences et nos informations. Nous nous sommes vite aperçues que ces rencontres informelles valaient toutes les psychothérapies du monde car elles nous permettaient de parler posément à des personnes qui comprenaient parfaitement la situation... puisqu'elles étaient elles-mêmes dans ce cas. En parler est le début de notre libération.

De fil en aiguille, il est devenu évident que ce groupe informel restait fragile du fait même de son manque de structure. Que se passerait-il si une ou deux d'entre-nous venait à quitter le groupe ? Celui-ci pourrait-il survivre de manière durable ? Par ailleurs, l'image d'un club aussi sélect que privé n'était pas celle que nous voulions donner et il était à craindre que certaines TS renoncent, pour cette raison ou par timidité, à nous rejoindre.
Les diverses copines qui sont arrivées lors du deuxième semestre 2004 nous ont amenées à prendre la décision de créer cette association. La venue de "petites nouvelles" nous laisse penser que nous avons pris la bonne décision.

Il existe encore des régions et des villes importantes où nos Soeurs et à nos Frères demeurent dans la solitude et l'ignorance. Aujourd'hui, mais peut-être est-ce l'effet de ce printemps 2005, plusieurs associations fleurissent un peu partout en France et nous ne pouvons que nous en féliciter. Ne relâchons pas nos efforts et informons de manière à ce que plus personne ne se trouve désemparé face à ce trouble.

C'est en étant solidaires et en informant que nous pourrons faire avancer la cause de la transidentité.